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Rev. archéol. Ouest, 4, 1987, p. 113-131.

UN SITE SOUi MARIN SUR LA COTE DE L'ARMORIQUE L'EPAVE ANTIQUE DE PLOUMANAC'H

Michel L'HOUR *

C'est en juin 1983 qu'un plongeur de Guingamp, Monsieur Loïc Le Tiec, découvrait au coeur de l'archipel des Sept Iles, face à Perros-Guirec (Côtes- du-Nord) (fig. 1), un amoncellement de barres qua- drangulaires métalliques (fig. 2). Immédiatement déclaré aux Affaires Maritimes de Paimpol et à la D.R.A.S.M., le site fut dans les jours qui suivirent sa découverte expertisé par Bernard Liou, alors Directeur des recherches archéologiques Sous-Marines, et par l'auteur. Les premières conclusions de cette expertise nous conduisirent la même année à ouvrir un sondage sur le site afin d'évaluer avec précision la nature et l'importance archéologique des vestiges conservés. A ce sondage réalisé en août 1983 devaient succéder en 1984, 85 et 86 trois longues campagnes estivales de sauvetage programmé dont j'eus l'honneur, au nom de la D.R.A.S.M., d'assurer la direction. Si les opérations sur le terrain se sont achevées avec la campagne 1986, l'étude du matériel n'est en revanche pas close, loin s'en faut. Pour cette raison, nous souhaitons attirer l'attention du lecteur sur le fait que les hypothèses avancées dans cet article délimitent bien plus le cadre de nos actuelles recherches qu'elles n'ont véritablement valeurs conclu- sives.

I - Le site et son environnement

L'épave est située au coeur des Sept Iles sur la bordure orientale d'un chenal, le Gwaz Vonno ou "ruisseau de Bonno", entre les îles Malban à l'est et Bono à l'ouest (fig. 3). Elle est ainsi localisée à plus de quatre milles en mer dans une zone de fort courant sur des fonds bouleversés où le sol granitique est presque partout à nu et par une profondeur de 1,30 m à 4,60 m par rapport au zéro des cartes. La partie essentielle du chargement, dissimulée par les laminaires, gisait dans une petite fosse naturelle approximativement orientée N.E. - S.W. au pied septentrional d'une roche affleurante (R.N.), cotée 2,9 au zéro des cartes (fig. 4). Cette localisation et l'absence de matériel sur le flanc sud du talus rocheux permettent d'emblée de conclure à une cargaison venue du large. Dans la plus grande longueur matérialisée par des témoignages archéologiques, le gisement s'étend sur 21,85 m (axe 2 - 4) (fig. 5). La configuration du relief laisse supposer que la zone A-C-2-6 est constituée d'une partie du navire qui s'est brisé au moment du naufrage. Une étude hydrographique attentive du site a d'ailleurs permis d'avancer un certain nombre d'hypothèses sur les condi-